Pour l'étudiant de terminale: Je ne me limiterai pas dans ces lignes aux extraits à analyser pour l'épreuve du bac option musique 2012 , mais vous donnerai à entendre des extraits variés, chacun d'une durée légale de 45 secondes prévue par l'hébergeur , et vous proposerai des liens pour aller plus avant dans vos recherches et découvertes. il est très important de s'approprier cette œuvre en l'écoutant régulièrement et en se passionnant pour l'une ou l'autre de ces versions qui correspondent à votre tempérament . Pensez à connecter votre ordinateur à de bonnes enceintes pour profiter de l'interprétation musicale de ces extraits . Belle année avec Bach ......   n'oubliez pas de configurer votre écran en 1280x960 pixel
 
 
 Messe en si mineur de J.S.Bach 
           BAC 2011/2012                


            Quelques versions importantes                          
                Très courts extraits
tirés d'enregistrements légaux achetés
                 ou disponibles en consultation partielle légale et gratuite sur le net

                          Ne téléchargez pas gratuitement la musique . Les artistes en vivent.

            Ecoutez le débat organisé par France-Musique dans le cadre de l'émission : "Le jardin des critiques"

                                                            http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/jardin-critiques/emission.php?
                                                            e_id=100000065&d_id=425007066&arch=1
            

                    Jean-Noël Roblin
                                                                                                                                        Professeur Agrégé de Musique

 

Quelques années après les débuts de la stéréophonie haute-fidélité  H.v.Karajan enregistra cette messe avec un orchestre  composé des meilleurs solistes anglais du moment : le « Philharmonia de Londres » .
Cette version de 1953 est l'une des plus célèbres de cette  l'époque. Les hautbois d'amour, la flûte de Morris, le cor de Brain font merveille . Les choeurs sont parfois en difficulté mais la liberté de ton et la sensualité de la direction toute romantique du chef marquent de leur sceau le Bach d'après guerre.
Mais est-ce vraiment du Bach ?..

                                                           

Découvrez des extraits:

http://www.musicme.com/Herbert-Von-Karajan/albums/Bach-:-Messe-En-Si-Mineur-0747313305322.html

 

Karajan reprendra cette messe à Vienne, quelques années plus tard, et à Berlin en 1973, avec son célèbre "Agnus dei" chanté par Christa Ludwig avec une  gravité et une  profondeur insondables .

Ecoutez quelques notes du  Kyrie : L'autorité dramatique de la production sonore choeur/orchestre est sidérante, même si les options musicales ne sont pas toujours assumées techniquement (tout au long de l'oeuvre).

 


Et de l'agnus dei :


 
Nous avons ici un exemple d'une  couleur musicale d'avant la révolution "Baroque". Un lyrisme d'une humanité rayonnante pétri de formation lyrique. La sensibilité des femmes et des hommes de cette génération en fût touchée .

 

 



                                                                                   

Chez le même éditeur allemand ,en 1961,  mais au sein d'une autre collection dirigée vers la musique ancienne, l'organiste et chef Karl Richter enregistre cette messe, avec un effectif plus réduit, et en oriente l'interprétation vers la mise en valeur de la polyphonie.

L'articulation des blocs sonores , les angles vifs de la strucure musicale, les voix et les instruments forment masse au sein d'une architecture sonore d'où émergent les lignes mélodiques du contrepoint .
Atmosphère sombre et rigueur sont de mise .

Ecoutons :

 

                                                     
 

Et puis vint l'an 1968 , ses réflexions , ses révolutions et ses engagements : N.Harnoncourt fut l'un de ces pionniers. Ses interprétations seront autant de relectures et de démonstrations vigoureuses de sa différence :

Une énergie sans faille, Un geste déclamatoire puissant . Une accentuation prononcée. Des chanteurs galvanisés , une maîtrise d'enfants pour les voix aigües. Un orchestre aux timbres rugueux produisant une texture sonore quelque peu rêche, mais d'une matérialité nouvelle et différentiable : "Enfin de vrais instruments anciens!"  Se réjouit-on à l'époque ...

Découvrez :


https://www.youtube.com/watch?v=TIlTZ9YJBxk


 
La reprise par ce grand chef de cette messe, des années plus tard, s'accompagnera du choeur Arnold Schoenberg de Vienne. Elle sera relativement plus sage bien que superbe :


 

 



 

Se produisit ensuite une seconde révolution musicale dans l'art d'interpréter les cantates de Bach tout comme sa messe en si...

 

J.Rifkin musicologue et chef américain nous proposa , depuis Boston , une réflexion musicologique basée sur de récentes recherches : faire chanter les parties de choeur par les solistes !.. Nouveau , et formidablement intéressant.

Ce fut au départ un chant du bout des lèvres, assorti d'un refus délibéré d'emphase et de pesanteur , apanage de la geste massive des plus grands chefs héritiers du Romantisme : O.Klemperer  ou E.Jochum.

 

Les plus grands « baroqueux » de cette génération lui emboitèrent le pas : A.Parott, K.Jüghanel, Les frères Kuijken, P.mac Creesh.
 

Un Français , bassoniste de formation , et chef depuis 20 ans des "musiciens du Louvres-Grenoble"  réussira dans cette voie .
Cette toute récente version est celle de
Marc Minkowski :


                                                

Ecoutons les artistes en parler pendant les pauses de l'enregistrement :


https://www.youtube.com/watch?v=GGB4wdhCPsk

       C'est une version d''une clarté narrative extrême. Il n'y a plus d'un côté le choeur et de l'autre les solistes , mais une seule "voix". L'éclat de certains choeurs comme l'intensité des prières individuelles y gagnent en relief et en détail.
Cette rupture de ton entre des chœurs parfois recueillis et des airs presque « lyriques », donnent forme à une sorte de  théâtralité liturgique. Ce parti pris démonstratif , assorti d' un certain détachement, fonctionne parfaitement. Les voix sont de grande qualité. Les instrumentistes sont, en revanche, assez "neutres".
Fort heureusement, le cor du "Quoniam tu solus sanctus" expose des sons bouchés du plus bel effet , et les bassons et hautbois champêtres confèrent douceur et souplesse au "Et spiritum sanctum". 


voici deux extraits de la messe  :

 




Et l'enregistrement intégral :

http://www.musicme.com/Mark-Minkowski/albums/Bach:-Messe-En-Si-0822189008154.html


 


                                                          

Revenons aux chefs historiques du mouvement Baroque  !

Gustav Leonhardt, enregistre la messe en si en 1985 avec la "petite bande" (des frères kuijken) et le choeur de la société Bach des Pays-Bas.

 



Ce grand claveciniste n'a assurément pas l'ego surdimensionné d'un chef lyrique. Cela tombe plutôt bien quand on joue du Bach . Il va pousser plus loin cette option:

Une direction très en retrait,
La mise en avant de la polyphonie,
Le refus délibéré d'installer une « respiration » collective tangible.
La rhétorique seule doit être éloquente . Le résultat est intéressant.


 

 


 Et l'intégralité disponible sur le net  :

http://www.deezer.com/fr/#music/gustav-leonhardt/j-s-bach-messe-h-moll-bwv232-116528

 


Pour leur intégrale des cantates de Bach réalisée en commun, Leonhardt et Harnoncourt s'étaient associés à un chef de choeur qui devait prendre un grand  essor : P.Herreweghe.

                                                  

Dans sa version de 1996 (la première, datant de 1989, étant un échec reconnu), les textures sont encore un peu floues, l'articulation quelque peu avalée.
Un choix de phrasés presque élastiques, associés à une production vocale peu engagée, comme détachée ou « sous-comprimée », ne nuit curieusement pas à la perception de l'ensemble.
Le "fondu" se substitue à la projection, et la pulsation remet tout en place. Surprenant et beau.

Voici deux extrait du Credo 

 

 


et "Et resurexit" :

 



Cette version contient un joyau : L'agnus dei Chanté par le contre-ténor Andréas Scholl



Pour suivre avec la partition :


www.youtube.com/watch

Pour découvrir cette  conception de l'ouvrage dans son intégralité , voici deux liens utiles :

La version de 1989 : 


https://www.dailymotion.com/video/xlkzxh_j-s-bach-kirie-messe-in-h-moll-dir-philippe-herreweghe_music


La version de 1996, plus aboutie :


http://www.deezer.com/fr/#music/philippe-herreweghe/bach-mass-in-b-minor-308703

 

Pour l'écouter et le voir diriger le "Et resurexit":

www.youtube.com/watch

 


                                                                         

Si la version de Ton Koopman est  tendre, rythmée, parfois dansante, mais toujours très humaine, elle resterait, au dire des critiques, quelque peu superficielle .
Ce n'est pas tout à fait faux.

 

 




 

 

                               Alors se produisit, en 1989, un événement exceptionnel dans l'interprétation de cette messe de Bach : le concert  donné  par  l'ensemble vocal  néerlandais  et l'orchestre du  18ème siècle dirigé par Franz Brüggen !

                                                          


Voici l'enregistrement de ce qui fût l'un des concerts majeurs de cette fin de 20ème siècle :

Un grand critique musical  parlera de "majesté sauvage" ! Tout est dit.




en écoute sur ce site : http://musique.fnac.com/a331445/Jean-Sebastien-Bach-Messe-BWV-232-CD-album

Dans le second enregistrement réalisé 20 ans plus tard par F. Brüggen, on retrouve bien des qualités du concert , la magie en moins, peut-être...

Des cordes soyeuses et "tendues", un phrasé inimitable :

 


Des transitoires d'attaques voix/orchestre parfaites, une vocalité maîtrisée sans ostentation, des liaisons soignées...


Les contrastes, l'énergie légère et bondissante, l'éloquence du "Sanctus":  
  

 


                     Faisons une petite pause avec un artiste à la carrière hors du temps.  

Michel Corboz , chef de Choeur et Chef d'orchestre, voua son existence au chant choral . 

                                                    

Il l'a dirigé , cette messe... de la fondation Gulbenkian de Lisbonne aux rives du lac Léman où il s'est désormais installé depuis plusieurs années .

Point de traditionalisme romantique allemand. Pas plus que de corset à la mode des maîtrises anglaises . Encore moins "d'intégrisme baroque", selon l' expression connue...
De tout cela , il se démarque, comme un outsider de luxe, avec un orchestre de chambre sur instruments modernes et un ensemble vocal à l'interprétation intense et tendue par sa direction passionnée .


En 1996, l' ensemble vocal est carrément "chauffé à blanc" avec un orchestre qui semble danser :


http://www.musicme.com/Michel-Corboz/albums/Bach,-Js-:-Mass-In-B-Minor-&-Magnificat-0706301373262.html

et ... dans  une version ultérieure , assagie, aux tempi plus élargis...
 


... dans lequel interviennent  S.Piau et B.Fink forment  un duo enchanteur : équilibre des timbres et de l'expression , belle ductilité du phrasé :


Voici l'intégralité de la seconde version : 

http://www.deezer.com/fr/#music/michel-corboz-ensemble-vocal-instrumental-de-lausanne/bach-mass-in-b-minor-lausanne-ensembles-corboz-318024

Pour l'écouter et le voir diriger le "Et in spiritum dominum" :

www.youtube.com/watch

 


        

Il y a une version de cette oeuvre qui vaut par la qualité hors-norme de son choeur : celle de J.E.Gardiner et de son « Monteverdi Choir » accompagné des English baroque soloists.

                                                      


L'articulation du texte chanté ne vaut peut-être pas celui du choeur de F.Brüggen, mais l'héroïsme technique et la vocalité exceptionnelle de cet ensemble frisent l'exploit.

Du mysticisme le plus profond à la légèreté la plus diaphane, toute la gamme d'expression est là, disponible!

Écoutons deux courts extraits du « Dona nobis » :
 




pour en profiter davantage :

http://www.musicme.com/Compilation/Bach,-J.s.:-Mass-In-B-Minor-Bwv-232-8888880002287.html



 


Pour conclure j'aborderai deux versions récentes qui entrent par la très grande porte du catalogue.

Le maturité musicologique, l'évolution musicale et technique des ensembles vocaux et instrumentaux ne cessent de s'élever depuis 25 ans ...

 

                   La première équipe allemande nous vient de Berlin : Le Rias kammerchor et l'académie für alte musik sous la direction de celui qui fût l'un des des plus intéressants contre-ténors (il préférait alto masculin...) de l'histoire moderne : René Jacobs.

                                                   


Son goût pour la théâtralité , les contrastes, les pleins et les déliés accentués, le son "filé" des voix ou des cordes est devenu proverbial :
 

Les accents sont marqués, les voix du choeur différentiées, non policées, composées d'individualités timbriques perceptibles.

Dans ce 2ème extrait, on perçoit la touche lyrique ainsi que des parties vocalisées très timbrées , colorées:




On peut écouter sur ce site - partiellement - chaque numéro de cet enregistrement :

http://musique.fnac.com/a1908995/Jean-Sebastien-Bach-Messe-en-si-mineur-BWV232-CD-album#ecoutes


 



La seconde équipe nous envoie sa lecture du japon .

Depuis 25 ans Massaki Suzuki édifie, pas à pas, son intégrale Bach avec le « collegium japan ». Une somme...

                                                      


Ses options sont simples à édicter et difficiles à produire : penser "polyphonie" à chaque instant . Les lignes sont étroitement imbriquées les unes aux autres tout au long de chaque pièce comme tout au long de l'oeuvre.

Un tissu sonore d'une texture fascinante, comme dans ces trois extraits du "credo" :

Dans les parties liées, au tempo lent, les chanteurs "s'écoutent" tout particulièrement :

 




Dans cet extrait, la verticalité et l'horizontalité de l'écriture sont distinctement énoncées sans jamais se gêner ou se masquer :



Dans ce dernier , la rapidité du tempo ne nuit en aucun cas à la perception de chaque élément de la polyphonie . On ne peut s'empêcher de penser à Glenn  Gould au piano dans les variation Goldberg ...Le "détaché" et la cohérence du phrasé sont souverains :




Pour approfondir : 

http://www.qobuz.com/telechargement-album-mp3/Johann-Sebastian-Bach-Mass-Text-BACH-Mass-in-B-minor-BWV-232/Classique-Musique-concertante/Masaaki-Suzuki/BIS/default/fiche_produit/id_produit-7318591701026.html?qref=sre_1_17


 



Avons-nous observé, dans ce florilège d'enregistrements, que l'histoire n'a pas encore fait une place digne de ce nom à une version dirigée par une femme !

Emmanuelle Haim  et bien d'autres vont corriger cela à l'avenir ...


Ecoutons E.Haïm lors d'un enregistrement Bach/Haendel : www.youtube.com/watch

Et, à Varsovie, un extrait de la messe en si m de Bach avec Irina Bogdanovich : 
www.youtube.com/watch



A vous de choisir des versions de cette oeuvre ... et laissez-vous envahir par ce monument qu'une vie entière ne suffit pas à circonscrire .


                                                             

retrouver la partition animée du Et resurrexit :

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Jo_d42GJVN0#t=0s

retrouvez le débat très intéressant organisé par france-musique en écoutant l'émission sur le site du "jardin des critiques" : 


http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/jardin-critiques/emission.php?e_id=100000065




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